Dans le but de faciliter la lecture de l’interview, Paul Ménager, chargé de mission pour le réseau Bou’Sol a recueilli et remis en forme les propos de Suzanna.
Comment avez-vous été amenée à travailler pour Pain et Partage ?
Je m’appelle Suzanna Halili, je suis de nationalité albanaise et j’ai fui mon pays pour des raisons familiales, il y a plusieurs années de cela. C’est par l’intermédiaire de Pôle emploi et d’une assistante sociale du Secours Catholique que j’ai été embauchée à Pain et Partage. Je n’avais aucun diplôme et étais alors sans emploi. J’ai par la suite rencontré Isabel Accardi, accompagnatrice socio-professionnelle, qui m’a accueillie avec beaucoup d’enthousiasme.
Les choses sont ensuite allées très vite : après avoir passé un entretien, j’ai pu signer le 1er août 2016 mon contrat de travail afin de commencer officiellement mon parcours d’insertion en tant qu’aide-boulangère.
En termes de savoir-être et savoir-faire, que vous apporte le métier d’aide boulangère à Pain et Partage ?
J’ai tout de suite été très bien intégrée par toute l’équipe ainsi que par Salah, encadrant technique boulanger. Celui-ci m’a expliqué avec passion et pédagogie les différentes étapes de fabrication du pain biologique.
Grâce à son accompagnement, j’ai progressivement acquis les gestes techniques tout en retrouvant un cadre de travail et des repères professionnels.
En tant que femme, il n’est pas toujours évident de s’imposer dans le monde du travail. D’autant plus que mon niveau de français est léger mais à Pain et Partage, j’ai été respectée pour ce que je suis.
L’association me donne une chance de pouvoir m’en sortir. En effet, cela faisait longtemps que je cherchais du travail et aujourd’hui, je me lève avec plaisir pour rejoindre l’équipe.
Quel est votre ressenti sur l’association ?
C’est la première fois que je fabrique du pain avec de la farine biologique et locale sans additifs : je trouve que c’est une noble expérience qui m’interroge sur mon propre mode de consommation. C’est une expérience professionnelle que je pourrai valoriser par la suite.
D’autre part, j’apprécie aussi les temps aménagés avec l’accompagnatrice socio-professionnelle. Avec elle, je me livre comme avec une amie et cela me pousse à mettre des mots sur mes problèmes personnels et professionnels. Elle m’aide à trouver des solutions concrètes.
Quelles sont vos aspirations et vos rêves pour la suite ?
J’aimerais simplement profiter de la vie en étant apaisée et libre.
Mon rêve serait un jour d’acquérir une maison pour y emménager avec mes deux enfants qui m’ont rejointe en France. Nous aurions ainsi une vie de famille normale et heureuse.
Je voudrais qu’ils soient à leur tour indépendants et qu’ils puissent passer leurs permis de conduire. Je souhaite qu’ils prennent conscience que l’on peut se sortir de tous les ennuis que peut apporter la vie et qu’ainsi ils gardent espoir et confiance en l’avenir. Chacun a le droit à sa part de bonheur et nous avons à nous entraider les uns les autres : c’est la seule façon de rendre le monde meilleur.